Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soient courtes et d’une orthodoxie éprouvée. Le billet de confession n’est pas encore exigé en Sorbonne : mais on y viendra. Et déjà l’on n’y souffre pas qu’un étudiant, à plus forte raison un professeur, manifeste quelque indépendance à l’égard du dogme établi et en rejette ou en discute certains articles. Et comment le souffrirait-on au surplus ? Est-il permis de contester l’évidence ? Et quand la Science a prononcé, n’est-ce point pour tous une obligation de s’incliner ?

Or, que dit la Science, — la Science officielle, oracle de ces Homais du haut enseignement ? Elle dit que l’individu naît bon et que c’est la société qui le pervertit : qu’il vaut mieux que le monde périsse plutôt qu’une iniquité soit tolérée ; que le régime de la propriété individuelle est cause de la plupart des maux dont nous souffrons ; que la guerre est un fléau, les armées permanentes une honte et que tous les hommes sont frères, égaux en droit et perfectibles à l’infini…

J’abrège. Mais il est remarquable comme cette Science-là, qui se donne pour la résultante du long effort de la pensée du XIXe siècle, est tout entière déjà chez Jean-Jacques, le moins savant des hommes et qui vivait en un temps où l’on ne connaissait même pas encore le mot de biologie. Ah ! qu’avec raison notre démocratie élève des autels au Voyant merveilleux qui, perçant la brume des âges, fit mieux que deviner et rédigea par avance les conclusions où devait aboutir, cent cinquante ans plus tard, la Science officielle de la troisième République ! Voici qu’on va célébrer en grande pompe le deuxième centenaire du « Père des Temps nouveaux » ; le Panthéon ne sera pas assez vaste pour contenir sa postérité spirituelle, même allégée de Bonnot, de