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le mit dans la Bible. Dieu a permis que je revinsse au monde sous l’écorce d’un hébraïsant, pour étudier ce phénomène curieux d’inspiration et me convaincre, une fois de plus, par la fortune de mes boutades, que tout est vanité ».

Boutade aussi, dira-t-on. Sans doute, mais qui prouve, du moins, qu’un érudit, chez nous, n’est pas nécessairement un pédant alourdi de science. Vous avez vu comme la manière de Mgr Duchesne, jusque dans ce pastiche, restait vive et succincte. Le jour qu’il voulut faire œuvre d’historien, il n’eut presque rien à changer dans ce style net, un peu court et qui ressemble assez au style de Montesquieu.

Hélas ! nous sommes si gâtés de romantisme que nous ne savons plus apprécier à sa valeur un style comme celui-là. C’est au nombre et à la splendeur des images que nous jugeons du style d’un écrivain. Je ne veux pas dire du mal des images. L’image est évidemment un progrès sur le geste : elle est trop souvent la ressource des esprits incapables d’étreindre leur pensée et de l’exprimer dans toute sa sévère et vigoureuse nudité. C’est un don de sauvage — ou de poète. L’humanité pensa d’abord par images ; elle ne s’est haussée que par étapes du concret à l’abstrait. Nos plus beaux siècles littéraires sont ceux où, comme chez Mgr Duchesne, la raison parla le langage de la raison…



Et j’ai cité encore, après Mme d’Habloville, cette page peu connue de Mgr Duchesne pour bien marquer sa position dans le camp des exégètes. Paul Souday, sans en faire tout à fait un esprit fort, veut cependant qu’il y ait eu dans sa physionomie et