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temps où l’on ne pouvait trouver un silex taillé sans le jeter à la tête de Moïse. Avons-nous réalisé quelque amélioration dans les conditions de la vie ou dans l’organisation de la société ? Nous nous empressons de proclamer qu’on n’en avait pas fait autant sous Louis XIV. Tout le monde n’est pas ainsi : voyez plutôt les Anglais. Vous avez lu des descriptions de leurs dernières fêtes, du couronnement de S. M. Georges V. Quoi de plus traditionnel ? On se serait cru au sacre de Henri II Plantagenet ou de Philippe-Auguste. Et pourtant les Anglais qui officiaient dans cette cérémonie sont des Anglais du vingtième siècle et vivent sous le ministère très libéral — subversif même, disent ses adversaires, — de M. Lloyd George ».

Voilà un langage où la plus ombrageuse orthodoxie ne trouverait rien à reprendre. Le bon sens s’y aiguise de malice, mais on ne peut se tromper à la fermeté de l’accent. Qu’est-ce-à-dire cependant et nous aurait-on abusés sur le compte de Mgr Duchesne ? Et ce prélat qui recommandait à nos enfants de s’imprégner d’esprit traditionnel, est-ce le même dont on colportait dans les feuilles anticléricales les mots irrévérencieux sur Pie X, nautonier sans habileté, conduisant la barque de saint Pierre « à la gaffe », et sur l’encyclique contre le modernisme, baptisée par lui l’encyclique digitus in oculo ?

C’est le même Homo duplex. À moins, pourtant, que les mots qu’on prêtait à Mgr Duchesne et contre lesquels, jusqu’à sa mort, il n’a cessé de protester, n’aient été forgés de toutes pièces par d’ingénieux mystificateurs.

S’il en était ainsi — et, quand on a lu l’excellente notice de Mme Claude d’Habloville qui vécut à Rome dans l’ombre de l’illustre prélat, on ne doute point