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doit demeurer trace dans les archives de la marine.

Il me paraît plus probable, étant donné le piteux état où se trouvait Trémintin, que le gouverneur de Stampali se borna tout uniment à recueillir la déposition du blessé. Ou, si l’on veut que celui-ci ait mis lui-même « la main à la plume », ce n’a pu être que pour exposer très sommairement les faits. Plus tard, par exemple, décoré, retraité, promu à la dignité de gloire nationale et locale, il prit sa revanche, sinon de la plume, du moins de la langue, et fournit, à qui voulait l’entendre, autant de détails qu’on en pouvait souhaiter sur cet événement capital de sa carrière maritime. J’aurai l’occasion tout à l’heure de revenir sur ces rapsodies héroïques de Trémintin. Dans l’ensemble, elles concordent avec le récit de l’amiral Halgan, qu’on me permettra de résumer ici, parce que l’amiral, lui, semble bien avoir puisé aux sources.

En 1827, pendant la guerre de l’indépendance hellénique, un navire appartenant à des forbans grecs, le Panayoti, fut capturé par une de nos corvettes, la Lamproie, et le commandement en fut confié à l’enseigne de vaisseau Bisson, de Guéméné (Morbihan), à qui on donna pour second le pilote Trémintin, de l’île de Batz, avec quinze hommes d’équipage, presque tous Bretons. Mais, dans la nuit du 4 au 5 novembre 1827, le Panayoti fut séparé de son convoyeur par le gros temps et dut se réfugier sous le vent de l’île Stampali, dans le petit port de Maltezzana. L’île était infestée de pirates, et Bisson le savait. La journée se passa néanmoins sans incident.

« À la chute du jour, continue l’amiral Halgan, Bisson ordonna à son équipage de prendre un peu de repos, les travaux qui avaient précédé le mouillage ayant été fort pénibles. Puis, accablé lui-même,