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infirmité de sa nature, que les ridicules, la pouillerie et l’emphase, qui lui cachèrent le visage immortel de la déesse. Et, plus féru que jamais de solitude, de ciel gris et de grand vent, il retourna s’enfermer dans son « trou de flibustiers ».


IV.


Trou de flibustiers, vieux nid
À corsaire, — dans la tourmente
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante…

Ton pied marin dans les brisans,
Dors : tu peux fermer ton œil borgne,
Ouvert sur le large et qui lorgne
Les Anglais depuis trois cents ans.

Dors, vieille coque bien ancrée :
Les margats et les cormorans.
Tes grands poètes d’ouragans,
Viendront chanter à la marée…


Quelle fougue et quel coloris ! Et quelle largeur d’expression ! Mais c’est la nouveauté du sentiment qu’il faut surtout remarquer ici : le railleur n’a pas désarmé chez Corbière ; il aura plus d’un retour offensif dans Armor comme dans Gens de Mer ; mais la « vertu » bretonne a pourtant commencé d’opérer et le ton de son ironie n’est plus le même ; en un mot, rien ne ressemble moins aux médiocres facéties de Raccrocs et de Sérénade des Sérénades que « le grand pathétique amer[1] » de la Rapsode foraine, du Bossu Bitor, de la Fin ou de la Pastorale de Conlie. Qu’est-ce à dire, sinon que les ressources de la

  1. Expression de Léon Bloy.