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phamon qui, à mi-chemin de Perros et de Louannec, dans une anse solitaire de la côte trégorroise, s’enveloppe d’ombre et de silence.

L’habitation elle-même, de forme rectangulaire, n’avait rien de princier : c’est une de ces maisons des champs construite par la bourgeoisie du second Empire sur l’emplacement et peut-être avec les débris d’un ancien manoir[1] ; elle ne comporte qu’un étage et des mansardes, mais ses quatre portes-fenêtres, dont les cintres de pierre blanche tranchent sur le crépi jaunâtre de la façade, ouvrent de plain-pied, au rez-de-chaussée, sur une terrasse d’où l’on voit scintiller la mer à travers le feuillage. Par les temps clairs. Tomé (en breton, Tavéac, la « silencieuse »), que Renan comparaît à un léviathan marin, soulève à l’horizon sa rugueuse échine de granit. Un jardin potager occupe les derrières de la maison. Et, tout de suite après, le long d’un ruisseau qui prend sa source à Barac’h et que la route de Louannec franchit au hameau de Truzuguel, s’étend à perte de vue le royaume enchanté des futaies, la Brocéliande adoptive de ce nouveau Merlin.



— Oui, nous disait Madame Noémi Renan, que nous trouvâmes occupée aux mélancoliques apprêts de son déménagement et qui voulut bien les interrompre un moment pour nous guider dans notre pèlerinage, ce sont ces bois surtout qui séduisirent mon père. Il aimait y rêver : « les meilleures pensées, di-

  1. Ogée cependant ne la cite pas au nombre des maisons nobles de la paroisse et peut-être était-ce une simple dépendance de la seigneurie voisine de Barac’h.