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Condé y trouva un asile en 1585 ; les Anglais le brûlèrent en 1758 et n’en laissèrent debout que l’aile ouest. Il appartenait alors aux Hallay de Montmoron qui le transmirent aux Boisgelin, qui le vendirent à « haut et puissant Pierre-Anne-Marie de Chateaubriand, chevalier, vicomte du Plessix », le 15 octobre 1777, pour le prix de 98.000 livres en principal[1]. Deux ans plus tard, « le manoir du Val était entièrement réédifié, dit M. Herpin, et Pierre de Chateaubriand venait l’habiter avec sa famille »[2].

Il y demeura jusqu’à son incarcération dans les geôles de la République, où les privations, un régime barbare, vinrent promptement à bout de sa santé et de celle de Madame de Chateaubriand. Son fils aîné était mort ; le cadet Armand, un matin de 1792, avait décroché son fusil de chasse, sifflé ses chiens et sauté dans la lande : depuis on ne l’avait pas revu. Du Val et de ses dépendances, mis sous séquestre et pillés entre temps par la soldatesque malouine, le directoire du district fit quatre lots : deux qu’il s’adjugea comme parts d’émigrés, deux qu’il laissa aux filles de Pierre de Chateaubriand, Marie et Emilie, restées en France. Le manoir se trouvait dans ces derniers lots, mais il n’était plus qu’une ruine et la fortune réunie des deux sœurs n’aurait pu suffire à réparer ses brèches. Un acquéreur se présenta : Michel Morvonnais, ancien jurisconsulte à St-Malo, qui offrit du domaine la somme de 49.762 francs, dont il paya moitié comptant le 26 prairial an IX, le solde

  1. Le Val prit alors, d’après l’abbé Fleury, le nom de Val-Plessis.
  2. Cf. E. Herpin : Armand de Chateaubriand, correspondant des Princes entre la France et l’Angleterre, d’après des documents inédits.