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nesse pourtant, n’a aucun souvenir du prédécesseur qu’on veut lui donner. En outre, M. Jacques Bertillon tient de son père, médecin à Montmorency, qu’il vit un jour « entrer dans son jardin, sur un cheval couvert de sueur, une belle jeune fille, le visage baigné de larmes, ses cheveux inondant ses épaules ». C’était une des demoiselles Souvestre, dont le père « habitait Soisy » et qui venait le supplier d’accourir auprès de l’auteur des Derniers Bretons frappé d’apoplexie. Touché de cet accent et par le désordre pathétique de sa visiteuse, l’excellent praticien ne voulut même pas, à en croire M. Jacques Bertillon, « perdre le peu de temps nécessaire pour seller son propre cheval. Il était vigoureux et très alerte ; il sauta sur le cheval de Mlle Souvestre et la prit en croupe. Quand il arriva, le pauvre Souvestre était mort ».

Il était mort. Mais où était-il mort ? À Soisy, comme l’assure M. Bertillon ? À Montmorency, comme l’affirme M. Ponsin ? Mme Beau-Souvestre, consultée, ne put tout d’abord se prononcer.

« J’étais alors presque une enfant, écrivait-elle à Léon Durocher, et, quoique cette demeure (il s’agit de celle où est mort son père) soit associée dans ma pensée à des heures tragiques, le nom de la rue, le numéro de la maison sont bien effacés de ma mémoire, et je ne vois aucun moyen de reconstituer ce passé ».

Un peu plus tard, Mme Beau se montra plus affirmative. Ayant eu connaissance par notre confrère du récit de M. Jacques Bertillon, elle fit subir à ce récit un petit travail de mise au point qui semblait propre à tout concilier. Mme Beau était en effet cette même demoiselle Souvestre que le chef des travaux anthropométriques de la ville de Paris nous peint