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La bombarde ne sonne que si l’anche est mouillée et elle sonne alors à la perfection. Pour former un débat entre l’un et l’autre, je n’ai qu’à laisser parler la vérité.

LE SABOTIER

« L’hiver, dit le sabotier, c’est à moi qu’il appartient d’habiller les pieds des gens délicats, tandis que toi, cordonnier infâme, avec tes souliers, tu ne leur apportes que des maladies et nombre de misères.

LE CORDONNIER

« Ma profession est estimée un peu plus haut que la tienne, homme des chaussures de bois ! S’il fallait que les voyageurs se servissent de tes sorgello, ils mettraient le double de temps à faire l’étape.

LE SABOTIER

« Pour disposer la terre à recevoir la semence, c’est une chose nécessaire d’avoir des sabots. On ne voit guère de gens bêcher avec des souliers. Et tu oses dire que je ne suis pas nécessaire !…

LE CORDONNIER

« Je sais que les sabots conservent la santé et qu’ils préparent la terre à recevoir le blé, tout de même que, si l’on passe la herse ( ?) sur un champ, les souliers sont plus légers pour courir que des sorgello.

LE SABOTIER

« Quand viendront la neige et la glace et le dur hiver, il faudra que l’alêne du cordonnier fasse trêve. (Pendant ce temps) moi je toucherai de l’argent partout dans les foires. Toi, tu me regarderas, la bouche ouverte.

LE CORDONNIER

« Quand le mois de mars arrivera et le renouveau et (que ce sera le temps) de revêtir de beaux habits et des chaussures de cuir, alors les sabots seront estimés moins que rien. Des chaussures de cuir pour se promener, voilà le délicat !