Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jean tout court et, d’autre part, on le donne pour fils « légitimé » de Marie Arzur. Du moins est-ce ainsi que mon correspondant a cru devoir transcrire le nom de la mère du barde. Mais, vérification faite (et je l’ai faite moi-même), le registre de l’état civil porterait plutôt Areizun qu’Arzur. Il n’y a guère d’Areizun chez nous. Le scribe qui recevait la déclaration de François Le Tallec et Jean Le Déon a dû mal entendre et s’en tirer par un vague gribouillage. La mère du barde ne s’appelait en effet ni Areizun, ni Arzur, mais Henry.

« Légitimé », à son tour, est-il une graphie défectueuse pour « légitime » ?

Je le pense, car, dans le second acte dont j’ai pris copie et qui est antérieur au précédent, Yann-ar-Gwenn n’est nullement présenté comme un enfant naturel, que ses parents auraient ensuite reconnu. Enfin cet acte lui restitue son second prénom : Marie. Mais le scribe — sous quelle inspiration ? — avait d’abord écrit François, qu’il a biffé d’un gros trait. Le brave Yann, toute sa vie, paraît avoir été en délicatesse avec l’état civil. Quant au titre ronflant de « poète bretonne », que lui décerne son acte de décès, il est remplacé ici par l’appellation plus modeste de « chanteur de chansons ». Ce que l’acte ne dit pas, c’est que ces chansons étaient les siennes.

Mairie de Plouguiel. Arrondissement de Lannion. Du 23e jour du mois de juin, an 1810. — Acte de mariage de Jean-François-Marie Le Guen, âgé de 32 ans, né en la commune de Plougrescant, le 24 décembre 1774, profession de chanteur de chansons, demeurant à Plouguiel, département des Côtes-du-Nord, fils majeur de Pierre Le Guen, âgé de 65 ans, et de Marie Henry, son épouse, âgés de 64 ans, journaliers, demeurant à Plouguiel — et Marguerite Petibon, âgée de 26 ans, née en la commune de Plouguiel, département des Côtes-du-Nord, le 1er juillet 1779, profession de filandière,