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qui donnait de plain-pied dans le salon, a été doublé d’un vestibule extérieur dont on a tâché du moins d’accommoder le style avec celui de l’édifice. Enfin « le Bien-Bon », entendez l’aimable abbé de Coulanges, qui avait la manie de la truelle et qui fournit les plans de la chapelle du manoir, ne tarirait point d’éloges sur l’excellent état de conservation de cette rotonde assez disgracieuse, pour être franc, et dont la laideur n’est point sauvée par le coquet lanternon qui la couronne.

Une des pièces seulement du manoir, mais la plus importante, qui était la chambre à coucher de Madame de Sévigné et dans le « cabinet » de laquelle furent écrites la plupart des Lettres datées des Rochers, a été restituée par les châtelains dans son ancien état.

Elle est au rez-de-chaussée. On n’y habite point. C’est une pièce réservée et quasi un sanctuaire : les dévots de la marquise y peuvent communier avec sa mémoire sans qu’aucune faute de goût les dérange dans leur culte rétrospectif. Tout y est de l’époque et garanti, jusqu’aux tentures. Il n’y manque que la marquise elle-même. Encore, pour l’y suppléer, avons-nous son portrait attribué à Mignard et qui la représente vers l’âge de trente-cinq ans.

C’est de ce portrait fameux que l’artiste s’est inspiré pour la statue qu’on lui veut ériger à Vitré : Madame de Sévigné, coiffée à la grecque, un grand manteau de cour négligemment jeté sur les épaules, des guirlandes de fleurs à la main, n’y a point cette lourdeur qu’on lui voit dans ses autres portraits ; son automne, blond et rose, garde encore toutes les flammes de l’été ; la taille est élancée, la figure sans empâtement, les mains longues et fines. Elle n’est point seule sur la cimaise d’ailleurs. Une vraie