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DE KERAMBORGNE À PLUZUNET

(Perrine Luzel. — Marguerite Philippe).




À Charles Géniaux.

Peu d’écrivains ont autant mérité de leur pays natal que François-Marie Luzel, dont on vient d’inaugurer le monument à Plouaret. Pendant un demi-siècle ou bien près ce Juif-Errant de la poésie bretonne, comme l’appelait M. Félix Hémon, parcourut et explora la Basse-Bretagne en tous sens pour recueillir ses chansons, ses légendes et ses contes. On peut dire qu’il mourut à la tâche. Mais quelle gerbe de belles œuvres laissait après lui ce bon travailleur ! Il n’avait ni labouré ni ensemencé le champ qu’il moissonnait : ce champ était la propriété indivise de l’âme bretonne. Mais, à la différence de ses prédécesseurs, Luzel se garda de mêler au froment indigène le moindre grain étranger.

Pour ce rare exemple de probité nous lui devions bien un peu de bronze. L’hommage ne risque pas d’engager l’avenir : depuis Tynnichos de Chalcis et l’impudente attribution de son péan aux Muses, la fraude est familière au vain peuple des assembleurs de mots. Mais une race surtout paraît avoir élevé la supercherie littéraire à la hauteur d’un genre national, — et cette race, je rougis de l’écrire, est la race celtique. Il n’en est point chez qui l’on trouverait plus de mystificateurs, qui aient poussé plus loin