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(sixième siècle), les Gallois s’étaient à peu près affranchis de la domination impériale. Le christianisme avait pénétré parmi eux, probablement vers le deuxième siècle de l’ère chrétienne, selon l’estimation de Tertullien, mais sans qu’on sache exactement par quel intermédiaire.

Restent donc, comme remontant à la période arturienne, le monticule appelé par les Anglais High Tower et les substructions des deux fortins qui flanquaient l’ancien pont de bois. Quand il n’y aurait que ces débris commémoratifs de la présence du grand héros breton, Caerléon vaudrait encore le voyage pour l’antiquaire. À plus forte raison pour le poète qui se satisfait à meilleur compte et pour qui un paysage vaut beaucoup moins par lui-même que par sa puissance de suggestion.

Sous ce rapport, Caerléon ne laisse rien à désirer. J’éprouvais, pour ma part, comme un attendrissement mêlé de respect en pénétrant, par ce matin d’août, dans les petites rues de l’antique cité. La rencontre d’un clergyman vêtu de noir, funèbre et solennel, ne réussit point à dissiper cette impression. Sans doute portais-je sur moi quelque indice révélateur de ma nationalité, car il s’approcha jusqu’à la distance de trois pas, ouvrit une mâchoire formidable et me cria de toute la force de ses poumons :

Hail ! All hail, dear sir ! You are perhaps one of the Breton delegates ?[1]

  1. « Salut, salut, cher monsieur ! Vous êtes peut-être un des membres de la délégation bretonne ? »