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en surprit quelques mots, prétend qu’ils offraient beaucoup de ressemblance avec le grec.

— Me voilà renseigné sur les Tylwyth-Teg, dis-je à M. Thomas. Et l’autre espèce de fées, comment l’appelez-vous ?

— Ce sont les Ellylon. Autant les Tylwyth-Teg sont gracieuses et bienfaisantes, autant les Ellylon sont d’un commerce désagréable. Malheur à l’imprudent voyageur qui passe à leur portée ! Happé par mille griffes invisibles, il a le choix entre trois sortes de voyages : au-dessus de l’air, sur l’air et sous l’air. S’il adopte le premier mode de transport, ce n’est que pour tomber de plus haut et se casser les reins dans sa chute ; s’il choisit le dernier, ce sont les ronces, les pierres pointues et la vase infecte des marais qui se chargeront de l’arranger. Il n’a qu’une manière d’échapper au double péril qui le guette : c’est de choisir la route intermédiaire. « Ni trop haut ni trop bas », ou, comme disaient les Latins, in medio stat virtus, telle paraît être la devise secrète des Ellylon. Mais ne trouvez vous point un grand sens dans ce joli conte de nourrice ?

— Assurément, dis-je. Mais les fées galloises ont dû faire comme les pwekas et les coblynau : elles aussi doivent être en train de plier bagages ?

— Hélas ! oui, me confessa M. Thomas. Les dernières fées s’en vont. Elles n’étaient déjà plus ce qu’elles étaient autrefois, et leur puissance avait bien diminué. La tradition ici est d’accord avec l’histoire, quand elle fait de ces petits êtres rabougris, pwekas, ellylon, tyl wyth-teg et autres, les descendants des