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— Nos outils ne nous donnent que le pain du corps, me disait Peder ; la musique nous donne le pain de l’âme.

À vrai dire, celle que nous entendîmes chanter en Galles, tant à Llanover que dans le pavillon de l’Eisteddfodd, nous surprit quelque peu par ses affinités singulières avec certains thèmes allemands contemporains. La musique galloise a pourtant derrière elle une longue tradition qui en fait l’une des plus riches et des plus anciennes de l’Europe. Mais, transmise oralement de génération en génération, elle n’a été fixée qu’en ce siècle par les soins pieux de miss Williams d’Aberpergwyn. S’est elle modifiée au cours du temps, sous l’influence des mélodies allemandes, ou faut-il voir au contraire des réminiscenses de cette musique dans certaines pages de Mozart, d’Haydn et d’Hændel ? Hændel, cela est prouvé, habita longtemps l’Angleterre, et tout fait penser qu’il connut les mélodies populaires de la principauté. La chose est moins sûre pour Mozart. M. Erny croit cependant que l’auteur de Don Juan, lors de son voyage en Angleterre, put avoir connaissance des mélodies du pays de Galles. Dans l’air appelé New Year’s Eve (la Veille du Jour de l’An), l’ensemble et surtout une certaine ritournelle ressemblent d’une façon frappante à une composition de Mozart[1]. Or cet air remonte à deux ou trois cents ans et son authenticité n’est point douteuse, quoiqu’il n’ait été fixé que de nos jours.

  1. Rapprochez Henri Martin reconnaissant avec surprise un des plus beaux passages de l’oratorio de Samson dans un air gallois appelé le Vieux Carphilly.