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branches, trop lourde, s’est affaissée sur le sol, à vingt mètres du tronc, d’où elle rejaillit en surgeons vigoureux. Et, dans la chevelure du monstre, on entend des tourterelles qui roucoulent…

Visiblement, ici, la nature n’a point été retouchée. C’est presque la forêt vierge que ce parc, — la forêt vierge avec des routes bien sablées. Il n’y manque même point la ruine réglementaire. Mais, au lieu d’un burg féodal, la ruine est une chapelle gothique du treizième siècle, veuve de sa toiture et qui bâille au vent par tous ses arceaux.

On nous avait promis une surprise, quand nous en aurions franchi le seuil. La surprise, qui n’était point ordinaire en effet, fut de voir que le bas du chœur avait été creusé en forme de piscine et les murs incrustés de rocailles.

Il n’est point rare chez nous, depuis la Révolution, de voir des églises muées en magasins à fourrages. Mais c’était la première fois que je voyais une chapelle transformée en hammam.

Par qui ?

Mais par les mêmes compagnons qui, au temps de Cromwell, s’étaient emparés de Cold-Brook et y menaient la vie que vous savez.

Pourquoi ?

Tout bonnement en haine du papisme.

Ces bons gentilshommes prisèrent éminemment ingénieux et plaisant de détourner le ruisseau qui coulait près de la chapelle[1] et de le diriger sur la chapelle

  1. Par parenthèse, c’est ce ruisseau qui a donné son nom au domaine : Cold-Brook veut dire Froid-Ruisseau.