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leur justin dégrafé, j’avais sous les yeux des façons de demoiselles chapeautées à la dernière mode, en jupes à volants et en mitaines, et qui, pour faner le foin, avaient tout juste daigné nouer sur leurs robes un coquet tablier de couleur. Mon guide m’expliqua qu’il en était ainsi presque partout ; que les vieux costumes avaient disparu et que les paysans de la principauté, fort soucieux de leur quant-à-soi, ne pouvaient se résigner, même aux champs, à s’habiller autrement qu’à la ville. Les hommes, sur ce point, valent les femmes : ils portent des complets à carreaux et on ne connaît point chez eux les sabots ni la blouse, cette livrée presque universelle du prolétariat agricole.

J’ignore si l’abandon de l’ancien costume gallois a retenti en quelque façon sur la culture elle-même. En général, dans les districts que j’ai visités, elle paraissait assez relâchée. L’industrie a très certainement appauvri la terre, quand ce ne serait qu’en réduisant au strict minimum les bras qu’elle employait jadis. Peu de blé ; quelques carrés de patates ou de ces navets jaunâtres nommés turnips et qui servent à la nourriture du bétail. En revanche, beaucoup de prairies, l’élevage restant la principale ressource des derniers paysans.

Après une ascension qui ne fut pas toujours des plus aisées, nous arrivâmes devant le clos qui entourait la Ty-Gwyn et dont les murs eux-mêmes étaient enduits de chaux fraîche. Des dindons, des canards et des poules vaguaient aux abords. À l’angle du clos, sous une tonnelle de houblon, un vieillard à barbe blanche, silencieux et fier, laissait errer ses yeux sur