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Cambrie, » — dit un proverbe gallois. Le fait est que, dans les Eisteddfoddau actuelles, la musique, et spécialement la musique vocale, occupe une place prépondérante. Les anciennes Eisteddfoddau étaient surtout philosophiques. Ce qui n’a pas changé, c’est leur mode d’organisation et de recrutement. Les Eisteddfoddau ont à leur tête un comité qui s’appelle le Gorsedd beird ynys Prydain, — ou Trône des bardes insulaires, — dont l’origine est fort ancienne. C’était, d’après la légende, la voix du Gorsedd qui, dans les temps primitifs, avant la conquête romaine, transmettait la doctrine bardique de génération en génération. Tant que les Romains demeurèrent en Grande-Bretagne, il fut interdit au Gorsedd de se réunir. La doctrine risquait ainsi de se perdre, si l’on n’eût suppléé au Gorsedd par le Cyvail, groupe inoffensif de trois personnes qui se rencontraient où et quand elles le pouvaient et dont chacune, par la suite, se mettait en quête de deux autres personnes qui formaient elles-mêmes trois autres groupes, tant et tant que toute la confrérie finissait par être tenue au courant des décisions adoptées par le Conseil suprême de l’ordre.

Le bardisme se serait conservé ainsi, d’une façon occulte, jusqu’au règne de Lucius (173-189), où il aurait été restauré officiellement. Mais cette restauration fut de nouveau menacée en 1282, à la mort de Llywelyn, fils de Gruffydd, tué dans une bataille contre les Anglais. Avec lui disparut l’antique indépendance du Cymru (Galles) qui fut, dès lors, nominalement assujetti aux rois d’Angleterre.