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cider à accepter la présidence de l’œuvre qu’il avait fondée de ses deniers.

Aujourd’hui ce n’est pas seulement l’île de Sein, le Guilvinec, le Passage-Lanriec qui possèdent des Abris : Audierne, Concarneau, le Palais, Camaret, Sainte-Marine ont été dotés d’établissements analogues. L’œuvre gagne de proche en proche et le Bien du Pêcheur arrive à point pour consolider et fixer en quelque sorte les résultats de cette conquête morale.

La nouvelle création de M. de Thézac n’a pas en effet, nous le savons, un caractère moins hautement désintéressé que ses Abris ou son Almanach du Marin. Aussi bien est-ce ce caractère qui permet au comité d’imposer à ses locataires-acheteurs certaines conditions qu’ils supporteraient malaisément d’un vendeur ordinaire : la maison, par exemple, ne servira jamais de « débit d’alcool » ; elle ne saurait être rétrocédée qu’avec l’agrément du comité ; aucune parcelle cultivable du terrain attenant ne pourra être distraite pour recevoir des bâtiments de location. Cette dernière clause peut sembler singulière : elle n’est inspirée que par des considérations d’hygiène. M. de Thézac n’a pas été sans remarquer « la funeste tendance des familles bretonnes à l’entassement » et il ne croit pas pouvoir mieux combattre cette tendance qu’en enlevant « au marin devenu propriétaire l’idée et la possibilité de sacrifier une portion de son jardin pour y bâtir des logements à louer ». Le Bien du pêcheur ne s’en tient pas là : il