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sorte d’amour-propre à ne pas laisser à la charité étrangère les victimes qu’avait faites l’inondation. Dans cette même île de Sein, la préférence pour les emplois de mousse est toujours donnée aux orphelins et aux fils de veuves. Par une superstition touchante, les patrons qui les prennent sur leur rôle passent pour avoir plus de chance que les autres[1]. Un peuple qui pousse à ce degré le sentiment de la responsabilité sociale est certainement mûr pour des formes plus savantes de la mutualité : ainsi raisonna M. de Thézac et son raisonnement était juste, comme l’atteste la rapide et incessante prospérité des Abris.

« L’objet spécial des Abris, dit un prospectus déjà ancien, est d’attirer les pêcheurs les jours de relâche (si fréquents l’hiver sur nos côtes de l’Océan et la Manche) et de les retenir en leur offrant gratuitement des salles de réunion : grande salle commune où ils trouveront leurs jeux favoris : salle de lecture avec bibliothèque qui leur fournira des éléments d’instruction professionnelle (livres nautiques, cartes marines) et de récréation intellectuelle (journaux illustrés, livres de vulgarisation scientifique et récits de voyages). Les fondateurs se proposent aussi de leur offrir certains avantages matériels, tels que coquerie pour les marins de passage, citerne à eau douce, etc. Un local pour le gardien et un préau couvert pour les jeux complètent l’établissement qui, d’ailleurs, devant être adapté aux besoins de chaque port, variera plus ou moins dans ses détails. »

  1. Consulter Sur la Côte (Une visite à l’île de Sein).