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lande », Dieu vous en garde ! Elles éclosent sur les poignets bleuis des pêcheurs ; en couronnes, en chapelets de furoncles, elles s’étendent, brûlent, rongent. On en viendrait à bout avec des soins et quelque antisepsie. Mais la propreté, l’hygiène, c’est bon pour les terriens ; ces hommes-ci, qui couchent tout habillés et bottés sept mois de rang sur une paillasse pourrie, le blason populaire a trouvé leur vrai nom : paotred-an-taouen, comme qui dirait les « Jean-Vermine »…

Jean-Vermine, bien entendu, ils ne le sont qu’à bord, le temps que dure la campagne de pèche.

Remplumés par cinq mois de farniente sous le toit familial, savonnés et « capelés » de frais comme leurs goélettes, non plus qu’elles vous ne les reconnaîtriez aujourd’hui. Pour la première fois, leur flottille appareille un 11 février. C’est un peu tôt sans doute. Et je songe à une belle toile de Dabadie, acquise par l’État au Salon de 1902 : égrenées sur l’eau grise, les goélettes, lentement, comme à regret, gagnent leur mouillage de la haute rade ; quand elles passent devant la chapelle de Notre-Dame de Perros, elles saluent du drapeau, quelques unes d’un cantique, presque toutes d’une génuflexion ou d’un signe de croix de l’équipage. Pourtant, les Islandais sont de fortes têtes. Ce n’est plus eux qu’on verrait, le béret en main, suivre par les rues de Paimpol la procession qui se rendait aux bassins, pour la bénédiction de la