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empoisonnée des séparatistes. Michelet note quelque part, comme un fait extrêmement antique et propre à la France, la perfection avec laquelle la fusion des races s’est accomplie chez nous, « tantôt marquée, dit-il, par la langue commune, la diminution des dialectes provinciaux, tantôt (sans qu’il y ait communauté absolue de langue) par une profonde communion d’esprit, au point qu’on peut dire que, par certains côtés, il n’y a rien de plus français que des populations qui ne parlent point le français, comme nos Basques nos Bretons et nos Alsaciens ». Voilà, Messieurs, le jugement d’un historien peu suspect. Il suffirait à la défense de nos patois les plus inorganiques : mais combien il prend de force appliqué au breton, ce « verbe royal », ainsi que l’appelait un jour Maurice Barrès ! Hier, pourtant, sur un mot d’ordre venu de je ne sais où, se déchaînait contre ce « verbe royal » une effroyable tourmente républicaine. Qu’il eût été beau alors, quand il soutenait ces attaques, de voir se lever à la Chambre, non point un conservateur comme M. le duc de Rohan, non point un progressiste comme M. Louis Hémon, mais un de ces représentants des partis avancés qui sont aussi nos amis, nos frères d’armes, nos compagnons de lutte, et dont la foi régionaliste ne s’était jamais trouvée, semble-t-il, à une plus rude épreuve. J’ai la tristesse de constater que nos amis ne se levèrent point, qu’ils restèrent assis à leur banc — et, ce jour-là, Messieurs, ils étaient bien assis sur leurs convictions.

Défendons, répandons de plus en plus la langue française, la langue nationale : élargissons au dedans