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II


LE RÉGIONALISME BRETON


Mesdames, Messieurs,


Je veux reporter à mon pays natal l’honneur que vous me faites aujourd hui. Votre premier banquet, sous la présidence d’un académicien illustre, M. André Theuriet, fut une sorte de préface, de magnifique introduction à la série que vous ouvrez ce soir par la Bretagne. Elle avait quelque droit, notre vieille province, et quand ce ne serait qu’un droit géologique, un droit d’aînesse, à cette prééminence. Mais elle ne s’est pas contentée d’émerger la première de l’abîme silurien : les Bretons ont été les professeurs d’idéalisme de l’Occident. Leurs légendes ont enchanté le moyen-âge ; elles lui ont enseigné ces touchantes faiblesses du cœur et ce trouble de l’esprit devant le mystère de la destinée que n’avait point connu la sagesse antique elles ont élargi prodigieusement les frontières de la vie morale en lui annexant les domaines infinis du rêve. Jardin de féerie, « le plus beau qui soit en terre ! » s’exclamait un de nos Maîtres. L’âme moderne y vient encore, parfois, cueillir des illusions…

Et voici ces Bretons, ces fils de la Chimère, qui se rangent ce soir, autour de M. Roger-Ballu et de M. Le Fur, sous la bannière de la Renaissance provinciale. Ils n’abdiquent point pour cela leurs credo respectifs. Le régionalisme est une maison commode, un large