Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

presque avec une secrète allégresse ou tout au moins une sorte de curiosité, d’attente passionnée de son inconnu, de ses revanches escomptées et certaines, il n’y a pas lieu, ce semble, de s’en étonner outre mesure. C’est la pensée de la mort qui fait le sel de la vie pour le Breton et je crois que, sans elle, il n’estimerait point que la vie valût d’être vécue. Le jour qu’il aura la certitude qu’on l’a encore leurré et que la mort ne lui réserve aucune revanche sera un jour fâcheux pour la société : par les explosions démagogiques de Brest, de Lorient et d’Hennebont on peut prendre un léger avant-goût des félicités qui nous sont promises ce jour-là. Les résignés d’hier se révéleront des insurgés à tous crins et découvriront enfin le fond de leur vraie nature, comprimé, étouffé par le sentiment de leur impuissance au cours des siècles…

Car les « silencieux », amiral, ne sont pas nécessairement des consentants. Et l’état normal du Celte, sa fonction véritable est la révolte. Rappelez-vous Pélasge, Abélard, Renan, Broussais, Lamennais et cet anarchiste de Chateaubriand.