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de novembre, dans un lit d’hôpital, ainsi qu’il convient à un poète et à un philosophe[1].

Nous en savons assez maintenant, je pense, pour pouvoir reconstituer les grands traits de cette existence mystérieuse et solitaire qui eut l’heur inespéré de réconcilier autour de sa mémoire deux des plus beaux génies du XIXe siècle et les moins assortis qui fussent, aussi éloignés par leurs méthodes intellectuelles que par leurs caractères et leurs goûts.

Louis-Marie Le Duigou, né à Guingamp le 11 avril 1782, d’une famille de petite noblesse de l’évéché de Tréguier qui portait d’or à trois trèfles de gueules, était fils légitime de Joseph Le Duigou, originaire de la paroisse de Pestivien, et de Jacqueline Baudry du Coudrai, originaire de la paroisse de Saint-Jean de Lamballe. Il avait sept ans à l’époque de la Révolution, onze ans en 1793, et ne put donc être le « vieux terroriste » que « se figurait » voir la mère de Renan. On ne sait à la suite de quels évènements il s’était fixé à Tréguier, où il se lia d’amitié avec Le Brigant, qui mourut « dans ses bras » le 3 pluviôse

  1. Renan, du reste, a reconnu lui-même qu’il s’était trompé sur divers points de la biographie de son héros. « En ce qui concerne le bonhomme Système, écrit-il dans la préface aux Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse, j’ai reçu de M. Duportal du Goasmeur des détails nouveaux, qui ne confirment pas certaines suppositions que faisait ma mère sur ce qu’il y a de mystérieux dans les allures du vieux solitaire. Je n’ai rien changé cependant à ma rédaction première, pensant qu’il valait mieux laisser à M. Duportal le soin de publier la vérité, qu’il est seul à savoir, sur ce personnage singulier. »