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parmi les artisans et les laboureurs de la localité. Sans doute, pour composer leurs figurations, les imagiers de Plougastel-Daoulas, comme ceux des autres calvaires de Bretagne, n’eurent-ils qu’à regarder autour d’eux et à s’inspirer de leurs souvenirs personnels. De là, exception faite pour les personnages sacrés, le réalisme des attitudes et des physionomies. Il est poussé à Plougastel plus loin que partout ailleurs. Callot eût signé telle de ces statues, des groupes entiers parfois, bien dignes de sa verve populacière et bouffonne. L’une des scènes les plus étranges est l’entrée de Jésus-Christ à Jérusalem : le Messie s’avance au pas de sa mule, précédé par des sonneurs bretons en bragou-braz, jouant du biniou, de la bombarde et du tambourin. La scène désormais classique de Catel-gollet est traitée à Plougastel d’une façon un peu différente de Guimiliau : l’enfer, cette fois, est représenté par une énorme gueule de dragon — l’Infernum des mystères, qui bâillait pareillement au ras des tréteaux — où des diables grotesques précipitent la malheureuse fille tête-bêche avec d’autres damnés. Quant à la date du monument, elle est constatée par deux inscriptions en capitales romaines ainsi libellées :

CE MACE FUT ACHEVE A A 1602. M. A. CORRE
F. PERRIOU BAOD CURE
1604 J. KGUERN : L. THOMAS : O. VIGOU
FAB. ROUX CURE

Peut-être le Corre mentionné dans la première inscription est-il l’architecte du monument ; M,