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sont les faits qu’un Fechner a fait surgir par l’expérimentation, ce sont les descriptions et les analyses qui abondent dans les œuvres des empiristes anglais, ce sont les admirables évocations de notre vie psychologique dont les livres de Bergson donnent de si lumineux modèles.

De même, dans la psychanalyse de Freud, il convient de distinguer d’une part les théories, d’autre part les faits et les méthodes. Le symbolisme freudien, qui prétend découvrir dans nos images mentales le déguisement de désirs sexuels, son explication des faits automatiques et indifférents de notre vie quotidienne par un jeu caché d’idées et de sentiments, ce sont là des hypothèses capables de retenir l’attention d’un public superficiel et qui se contente de peu. Dès aujourd’hui, cette partie de l’œuvre de Freud est caduque et presque surannée.

J’ai eu personnellement l’occasion d’étudier de manière approfondie plusieurs écrits de Freud, lorsqu’en 1913 je travaillais à la documentation de mon livre L’Inconscient (Paris, Flammarion, 1916). Freud est donc pour moi une connaissance déjà ancienne et je m’étonne un peu du caractère de nouveauté qu’il a pris récemment en France. Une simple incidente : faut-il que nous, psychologues français ou de langue française, nous soyons modestes ou bien oublieux de nos propres gloires pour chercher au dehors ce que nous avons en abondance et en mieux chez nous ! C’est pousser un peu loin le désintéressement.

Pour apprécier Freud, plaçons-nous au point de vue