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sillé comme des poux. Veux-tu m’enlever ! Je suis couverte de teignes. Loulou veux que je l’oublie. C’est déjà fait. J’en aime un autre. Je ne veux plus que ma mère me soit un obstacle. J’ai maintenant le genre d’une femme qui fait la noce… Je veux faire l’amour. Il y a comme une magie autour de moi ».

Elle parle de bijoux, de toilette, installe en imagination des appartements luxueux, prend des poses plastiques et lubriques, simule l’abandon à un être imaginaire, l’extase amoureuse, prend des attitudes de mannequin, fait des singeries, a des gestes maniérés, s’agite, se sauve à demi-vêtue dans le jardin, rit et pleure tour à tour.

Par intervalles, elle s’analyse : « J’ai quelque chose en moi qui n’est pas ordinaire. On me met quelque chose dans le sang. Je me demande par quel moyen on agit ainsi. On m’a endormie. Je suis toute drôle. Je suis folle ». Puis elle retombe dans son délire qu’elle semble mimer.

Bientôt tout s’apaisa. Elle fut plus calme dans son lit, se négligea moins dans sa mise et fit convenablement sa toilette. Elle se mit au travail et depuis lors a exercé une activité utile et régulière. Elle se montre ravie de ce qu’elle appelle sa guérison et confuse de s’être livrée à de si grands excès devant nous : « J’étais folle alors ». Elle se sent la tête encore un peu malade, les membres fatigués et dans l’ensemble, un peu triste.

Elle entendait, explique-t-elle, des voix dans la tête : « C’étaient des idées plutôt que des voix, c’était comme si le sang m’était monté à la tête ». Dans son idée, elle