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Mais quelque chose le troubla…
C’est un pont qui n’était pas là
En l’année ousqu’il s’exila.

Lors, avisant sur une route
Un cantonnier cassant sa croûte,
Il lui dit : « Cantonnier, écoute,

« Apprends-moi le nom de ce pont ? »
Le cantonnier lui z’y répond :
« C’est le pont du Pet, mon fiston. »

« — Quoi ! – Que le diable vous emporte !
D’où venez-vous ?… Enfin, n’importe !
Si l’on le nomme de la sorte,

« C’est à cause qu’il fut construit
Le même an où l’auteur s’enfuit
De ce pet qui fit tant de bruit. »

Notre homme alors, à ce langage,
Repris sa malle et son courage
Et son sempiternel voyage.

On l’entendit se répéter :
« Si je ne suis bon qu’à péter :
Je vais donc péter et… péter. »

Il arriva, si l’on peut dire,
À péter comme l’on respire,
Comme Sardou fait du Shakespeare.

Pour être harmonieux,
Il ne mangeait que farineux
Rapport aux gaz qui sont en eux.

Il put bientôt, de façon nette
Imiter harpe et clarinette,
Aussi la voix la plus honnête.

À voculiser tout le temps,
Il fit des progrès épatants.
Ça lui demanda un printemps :

Avant même l’année entière,
Sachez qu’il chantait la prière
De Moïse avec son derrière.

Si bien qu’il se dit : « Tiens, tiens, tiens !
Ne pourrais-je par ces moyens
Em… bêter mes concitoyens… ? »