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encore dans le voisinage de cet endroit que se logera le centre de carène. Horizontalement le centre de gravité et le centre de carène sont voisins l’un de l’autre.

Pour que le navire soit en équilibre, il faut d’abord, comme on l’a déjà vu plus haut, que le poids du navire soit égal à la poussée de l’eau déplacée. S’il est plus grand, le navire s’enfoncera jusqu’à ce que cette poussée de l’eau, en croissant, vienne égaler le poids. Il faut, de plus, que le centre de gravité et le centre de carène se trouvent sur la même droite verticale, c’est-à-dire qu’un fil à plomb placé au centre de gravité doit rencontrer le centre de carène, sinon le navire s’inclinera longitudinalement jusqu’à ce que les deux points considérés se trouvent sur la même verticale. En résumé, quand on ajoute un poids à bord aux extrémités, nous sommes en présence de deux genres de mouvement : un mouvement d’enfoncement et un mouvement d’inclinaison.

Or, qu’il entre à l’avant du navire une certaine quantité d’eau, par suite d’une avarie, cela revient au même que d’ajouter en cet endroit un poids égal à celui de l’eau entrée. Le centre de gravité général du bateau tend donc à s’avancer vers l’avant par l’apport de ce nouveau poids et quitte la verticale du centre de carène. Le navire s’incline de l’avant jusqu’à ce que le centre de carène s’avance à son tour et se retrouve sur la verticale du centre de gravité, d’où nouvel équilibre. Ces deux points fictifs semblent donc courir l’un après l’autre.

Mais, par suite de renfoncement de l’extrémité considérée, l’eau qui, à l’intérieur du navire, a tendance à prendre le même niveau qu’à l’extérieur, l’eau entre en quantité de plus en plus grande, d’où nouvel enfoncement de l’extrémité, d’où nouveau mouvement d’ascension du niveau d’eau à l’intérieur et ainsi de suite, jusqu’à ce que le centre de carène qui, à tout instant, court après la verticale du centre de gravité, finisse par la rattraper. Si, dès le début, la région envahie est trop grande, c’est-à-dire si le poids de l’eau entrée est trop élevé, le centre de gravité général du bâtiment se trouve trop avancé dans la direction de l’extrémité avariée pour que le centre de carène puisse le rejoindre et, le navire s’inclinant de plus en plus, coulera comme le Titanic, presque verticalement. Le seul remède est donc de diminuer autant que possible la quantité d’eau entrée, c’est-à-dire de compartimenter le navire en tranches suffisamment petites et d’autant plus petites qu’on sera plus proche d’une extrémité du bateau, les cloisons étanches qui les limitent étant d’autant plus nombreuses.

Mais il faut aussi que les cloisons étanches soient en état de résister à la pression de l’eau. Aussi les soumet-on, à la cons-