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tance de la coque est beaucoup plus faible que dans le sens longitudinal. Ce sont ces deux effets simultanés de frottement contre l’iceberg et de choc latéral qui ont produit l’énormité de l’avarie. Sous un tel coup, l’avant du Titanic a dû laisser apparaître dans son flanc d’énormes déchirures par lesquelles l’eau s’est engouffrée. Certaines régions de l’avant se sont donc très rapidement remplies d’eau. Et c’est alors qu’a commencé à intervenir la stabilité longitudinale dont je suis obligé de dire un mot.

Tout le monde connaît le principe d’Archimède : tout corps plongé dans l’eau déplace un volume d’eau dont le poids est égal à celui du corps. Donc, d’une part, on a le corps pesant qui tend à descendre sous son propre poids, et, d’autre part, on a le volume d’eau déplacée qui exerce sur le corps une poussée de bas en haut qui tend à le faire remonter. Quand le corps flotte, il est en équilibre, c’est-à-dire que son poids est exactement équilibré par la poussée qui a la même valeur.

Le poids total d’un bateau se décompose en poids de coque, — poids de mâture, cordages, chaînes, ancres, — poids de l’équipage y compris les effets, les Vivres (eau et combustible pour la cuisine), — poids du chargement commercial, — poids des machines, des chaudières pleines d’eau, des dynamos, des hélices et pièces de rechange, — poids du charbon nécessaire au fonctionnement de la machine, — poids des passagers avec les effets et vivres, etc. Mais tous ces poids répartis au long du navire ont une valeur plus grande au centre, où les formes plus renflées offrent plus d’espace ; de sorte que le centre de gravité de tous ces poids, — c’est-à-dire le point fictif où l’on pourra, par la pensée, condenser tous les poids et les additionner de façon que ce centre avec la masse totale produise le même effet que toutes les masses fractionnées et éparpillées tout le long du navire et de haut en bas, — le centre de gravité, dis-je, sera plus près des grosses masses que des faibles, c’est-à-dire qu’il se trouvera dans les environs du centre du bâtiment, là où la largeur est maximum. Donc, en résumé, deux parties sont en présence : le poids du navire, — avec son centre de gravité à peu près au milieu de la longueur, — et la poussée de bas en haut égale au poids d’eau déplacé.

Mais ce poids d’eau déplacé a également un centre de gravité qu’on appelle centre de carène et qui sera le point fictif où la poussée précédente pourra résumer l’ensemble de toutes les poussées le long de la carène. Ce sera encore au milieu de la longueur, approximativement, que l’eau se trouvera le plus déplacée, puisque les formes sont plus renflées ; ce sera donc