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et à l’arrière ; celle d’arrière est plus violente que celle d’avant, ce qui tend à rejeter l’avant du navire qui rattrape sur l’étambot ou dans le sillage de celui qui précède. Quand les deux navires se trouvent côte à côte, les deux forces répulsives précédentes sont devenues attractives, de sorte que c’est la coque tout entière qui est attirée parallèlement à elle-même. Quand le navire dépasse, c’est l’arrière qui continue seul à subir la force attractive, tandis que l’avant est soumis à une force attractive décroissante, puis répulsive, de sorte qu’ici c’est l’arrière qui tend à se rapprocher des flancs du bâtiment voisin. »

Tel est le curieux phénomène qu’a de nouveau mis en évidence l’Olympic et la conclusion de son abordage avec le Hawke est la suivante : c’est qu’il devient dangereux à un navire de passer près d’un autre en marche parallèle à une distance plus petite que le tiers de sa longueur. Ainsi il faut rester à plus de 100 mètres de l’Olympic pour être sûr de ne pas être attiré par lui.

Il est permis de se demander si le Titanic n’a pas été le jouet d’un phénomène analogue. La nuit était belle et étoilée, la mer calme. Il était donc possible d’apercevoir l’iceberg un peu à l’avance, surtout avec l’aide de sa luminosité particulière. Il fut signalé, paraît-il, seulement à 100 mètres par la vigie. Le Titanic était en ce moment-là en pleine vitesse, c’est-à-dire à 20 nœuds, soit 37 kilomètres à l’heure, ce qui fait environ 100 mètres à la minute. Il ne lui fallait donc pas une minute pour arriver sur l’iceberg, et de fait le choc eut lieu presque aussitôt. Ce n’est pas de front que le navire a été touché, mais par tribord. De là une question surgit tout naturellement. Comment se fait-il qu’un coup porté ainsi, presque parallèlement aux flancs du navire dont les formes sont assez fuyantes, comment se fait-il qu’un tel coup qui équivaudrait plutôt à un glissement, à un frottement brusque du navire contre l’iceberg, ait pu produire une avarie capable de faire couler un tel géant en relativement si peu de temps ? On ne peut répondre à une telle interrogation qu’en reportant sa pensée au phénomène d’aspiration que nous avons décrit plus haut. L’iceberg est un flotteur tout comme un navire, flotteur énorme puisqu’il descend au-dessous du niveau de l’eau de quatre fois environ sa hauteur au-dessus. C’est donc lui qui, en vertu des forces d’attraction ou de répulsion dont nous avons parlé, attirera à lui le navire. Puisque l’étrave du Titanic n’a pas heurté de front, c’est qu’elle s’est trouvée à hauteur de l’iceberg et tout à côté. Puis elle a été comme attirée latéralement par la montagne de glace, et le choc a eu lieu presque normalement au flanc du navire, c’est-à-dire dans une direction transversale où la résis-