Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
HISTOIRE PASCALE

rampa derrière lui. Le fumier dont l’aire était couverte étouffait le bruit de leurs pas.

Ils franchirent un échalier, prirent une sente étroite qui serpentait à travers prés jusqu’à la rivière. On entendait un grand bruit d’eau.

— Attention ! fit le prêtre, Nous sommes au barrage. Il nous faut passer de l’autre côté. As-tu le pied sûr au moins ?

— Va toujours, grommela entre ses dents l’Étampois qui ne laissait pas de ressentir quelque appréhension devant cette largo nappe sombre s’écroulant avec un tel fracas, mais n’en était pas moins résolu à aller jusqu’au bout.

De place en place, à longueur d’enjambée, des têtes de pierres noires et ruisselantes émergeaient. Le prêtre se mit à sauter allègrement de l’une à l’autre et fut bientôt sur la rive opposée. Il dut attendre quelque temps son compagnon. Vingt fois celui-ci faillit perdre l’équilibre, et, lorsqu’enfin il prit terre, ce ne fut pas sans un fort soupir de soulagement.

Maintenant, en face des deux hommes, se dressait une espèce de promontoire rocheux, hérissé ça et là de touffes de genêt et d’ajonc.

— Allons, fit le prêtre, nous touchons presque au but.

Et déjà il montait, s’accrochant aux aspérités du granit, aux racines, aux brousses. Le sergent suivait, non sans pester. Ils atteignirent le sommet, après une pénible ascension. Là, sur une plate-forme assez vaste, se voyaient des pans de murs en ruine, vestiges de quelque antique demeure féodale. Dom Karis souleva un épais rideau de lierre, et le sergent aperçut le trou béant d’une poterne ouvrant sur les premières marches d’un escalier souterrain.