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LA LÉGENDE DE MARGÉOT

troublante. Sans savoir pourquoi, Margéot tressaillit. Il appela Dolto.

— Ramasse cette bourse, lui dit-il, en lui montrant la bougette. Celui-ci n’en a pas voulu. Bailleurs elle ne lui servirait plus de rien. Il a son compte. Si on vient chez toi réclamer le gabelou, tu diras que tu nous auras vu sortir ensemble, ce qui ne sera point un mensonge.

Margéot, soulevant le cadavre, venait, en effet, de le jeteren travers sur ses puissantes épaules.

Qui aurait été cette nuit-là sur la route de Pontrieux à Lanvollon et de Lanvollon à Saint-Brîeuc se fût signé d’épouvante et n’eût pas manqué d’affirmer, le lendemain, qu’il avait vu passer le cheval du Diable, rapide comme l’éclair et mystérieux comme la nuit.


IX


Margéot fut deux jours absent de Kercabin. Le troisième jour, il parut au bout de l’avenue, monté sur Awellik, sa bête de prédilection. Il trouva les gendarmes installés chez lui et feignit une vive surprise. Le juge d’instruction aussi était là. Dans un coin Nannik pleurait.

— Monsieur Margéot, dit le magistrat, on y mettant les formes, vous êtes accusé de meurtre. On a trouvé avant-hier, dans l’écluse d’un moulin en amont de Pontrieux, le cadavre du sous-patron des douanes Metzu, avec qui vous avez passé la soirée de vendredi, à l’au-