V
Seul, Margéot ne s’était enivré ni de son succès ni de
son vin. Allongé sur un lit de camp, il réfléchissait, se
démontrait à lui-même que les temps de pèche en eau
trouble étaient passés, ébauchait des plans pour l’avenir,
ruminait mille projets et, en véritable homme d’action,
ne consentit à s’endormir qu’après avoir irrévocablement
fixé son choix.
Le lendemain, dès son réveil, de sa grosse écriture lourde il arrêta sur le papier les lignes essentielles de son nouveau programme.
Plus de banditisme ! C’était trop compromettant et pas assez fructueux.
Il rassembla ses hommes dans la cuisine, toutes portes closes, et leur tint à peu près ce langage :
— Camarades, c’est fini. Il faut nous séparer. Le métier que nous avons fait ensemble jusqu’à ce jour ne nous rapporterait plus rien qui vaille. Que chacun coure son bord. Mais, auparavant, à chacun son dû. Tendez vos mains !
Il distribua entre tous une dizaine de mille francs en or. À mesure qu’il allait de l’un à l’autre, il demandait :
— Que comptes-tu faire de cette somme ? Celui-ci répondait :
— Ma foi, je vais me soûler, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus.
Celui-là :