Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
VIEILLES HISTOIRES DE PAYS BRETON

dant remettait le pli, dûment cacheté, à un robuste gaillard, son aide de camp.

— Il importe que tu sois à Guingamp avant l’aube, Dollo. Prends Awellik, le bon cheval qui va comme le tonnerre.

Dollo parti, le De profundis terminé, Margéot congédia les bandits. Il ne garda près de lui que Chevanton. Comme il l’avait prévu, au point du jour les gendarmes de Pontrieux firent irruption dans la cour du manoir. Il se rendit au devant d’eux, les reçut sur le perron, leur souhaita la bienvenue. Les gendarmes, qui croyaient le surprendre, furent quelque peu décontenancés.

— Tu nous attendais donc ? demanda le maréchal des logis.

— N’est-ce pas le citoyen procureur de Guingamp qui t’envoie ?

… Ce fut une scène du meilleur comique. Margéot la prolongea par plaisir. C’était un fantaisiste.

— Les traces de sang conduisent chez toi. C’est péremptoire.

Ainsi parlait le « maître des archers ».

— Je ne le nie pas, répondait ce brigand de Margéot.

— C’est donc que le chenapan que nous cherchons est ici.

— À qui le dis-tu ?

— Livre-le.

— Suivez-moi.

Margéot précéda les gendarmes dans l’escalier ; au premier étage, il ouvrit une porte. Dans la chambre, sur un grabat, était étendu Kadô-Vraz. Au chevet du lit, Nannik égrenait un rosaire.

— Le voilà, votre chenapan ! prononça Margéot avec flegme.