Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA LÉGENDE DE MARGÉOT




I


À gauche de la route qui mène de Plouëc à Pontrieux, s’élève la gentilhommière de Kercabin. Ce n’est aujourd’hui qu’une grande maison d’un caractère tout moderne. Ce fut jadis un manoir d’importance, à en juger par la splendide avenue qui y conduisait et qui subsiste encore. Les seigneurs de Kercabin passaient pour de joyeux viveurs, un peu détrousseurs de routes, mais surtout grands trousseurs de jupons. Ainsi nous les représente une vieille chanson populaire dont quelques couplets seulement ont survécu. Les jeunes filles, en ce temps-là, ne se risquaient guère aux abords du château.

Non, je n’irai pas toute seule,
À Kercabin, prendre du feu.
Car le seigneur est à la maison
Qui me lèverait mon tablier…

Il est vrai que, quelques vers plus loin, la même chanson ajoute crûment :