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Les cheveux dont fut tressée cette bague, pâles et soyeux comme du lin cardé, je les reçus en commémoration de la prise de voile de ma sœur Anne-Marie, religieuse au couvent des Augustines de Carhaix… Mon livret, mes papiers de matelot, maintenant ; mon brevet de quartier-maître ; ma nomination de gardien de phare. Enfin, les lettres.

Il y en a onze en tout : trois sont de mes parents, huit sont signées d’Adèle. Celles-ci portent, la plupart, le timbre des Messageries du Levant. De leurs enveloppes fanées se dégage encore le parfum de nos fiançailles… Deux, d’une encre qui n’a pas eu le temps de jaunir, sont adressées à « Monsieur Goulven Dénès, en Plogoff ». Dans l’une, ma femme m’annonçait son heureuse arrivée à Tréguier, son réveil dans sa chambre de jeune fille et la joie enfantine qu’elle avait eue, en s’habillant à sa fenêtre, à entendre claquer dans la rue les