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le mauvais sort qui pesait sur mon destin. Rappelle-toi ! Un ermite te remit une lance dont la pointe avait été trempée dans le sang du Christ. Armé de cette lance, tu éventras les dragons, vomisseurs de feu. Mais, quand tu voulus atteindre jusqu’à moi, les échelles que tu appliquais au mur cassèrent l’une après l’autre. Alors, ayant tressé mes cheveux en deux longues nattes, je les laissai pendre et tu les saisis. Et maintenant nous voici mari et femme, et, pour que tout s’achève comme dans les contes, nous allons avoir beaucoup d’enfants… »

Des enfants !… Cela seul manquait à nos vœux… Il ne nous en est pas né, Dieu merci !

Ces fictions d’Adèle enchantaient mes nuits de garde. Je l’écoutais avec ravissement. Elle m’apparaissait comme un être d’une essence supérieure. Je l’admirais.

— Vous autres, filles du Trégor, lui disais-je, vous avez eu des fées pour aïeules ; elles