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parut sur la mer encore claire, la barque qui la portait. C’était la Notre-Dame de Bon-Voyage, une bisquine de pêche appartenant aux frères Guichaoua, du hameau de Pendreff, en Lezcoff. Des amis à Louarn, ces Guichaoua, sa compagnie de prédilection, lorsqu’il était de congé à terre. Du reste, marins consommés et d’une discrétion à toute épreuve. Il se fût difficilement adressé mieux.

— Sans compter, mon cher, que le nom du bateau est, à lui seul, un sauf-conduit, m’avait-il fait observer du ton de gouaillerie sceptique qui, même en matière de religion, lui était habituel.

Vue dans le lointain crépusculaire, sa grand’voile tendue au souffle fraîchissant du soir, la bisquine avait un air de planer entre ciel et eau, immobile, pareille à quelque « rock » fabuleux, à quelque gigantesque oiseau de légende. Elle avançait, cependant, mais d’une allure calme et comme recueillie.