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troisième kilomètre, mes jarrets fléchirent. Je m’assis sur un tas de cailloux. Au soleil baissant, je n’avais pas bougé d’une semelle. J’étais sans courage. Des rouliers passèrent, qui allaient dans la direction de la ville : je reconnus, à leurs clochettes tintinnabulantes, les harnais des minoteries de l’Élorn, en aval de Plounéventèr. Un des hommes remarqua mes traits abattus, mon air d’extrême lassitude.

— Si vous venez par là-bas, il y a place pour vous sur les sacs vides ! me cria-t-il.

Il m’indiquait du bout de son fouet le bleu des collines léonnaises, déjà touchées, dans le lointain, par les premières ombres du soir.

Je répondis : non, de la tête.

Mais, lorsque les lourds chariots eurent disparu dans la descente, un regret me poignit le cœur. Les voix des clochettes continuaient d’arriver jusqu’à moi. On eût dit qu’au lieu de s’éteindre, leur carillon en