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gros ouragan. Il n’y a pas de mots pour exprimer cela. On est roulé, ballotté, noyé dans un effroyable chaos de bruit. Tout est bouleversé, confondu. Il semble que l’on ait sur la tête tout le poids tumultueux de la mer soulevée hors de ses abîmes et, sous soi, le ciel béant, les profondeurs infinies du vide. Les murailles du phare elles-mêmes semblent tout à coup devenues vivantes et hurlantes ; les pierres muettes poussent des appels rauques, de formidables beuglements. Des paquets d’eau s’abattent, des vitres crèvent. Tout vire, tout oscille, tout chancelle. On ne sait plus, dans ce délire des éléments, à quel univers on appartient. On est comme projeté dans de vertigineux espaces ; on n’a plus conscience de quoi que ce soit ; on est soûl de fracas et d’horreur ; on s’abandonne, ainsi qu’un atome ivre, à tout l’inconnu des forces déchaînées…

Combien de temps dura mon abasourdissement, je ne le saurais dire. Ce furent des