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des histoires de femmes, pour la plupart, — étranges et perverses, respirant je ne sais quelle odeur irritante de barbarie et de volupté. Je les écoutais sans répulsion, maintenant. Il y avait quelque chose de sali en moi… Invariablement, Louarn concluait :

— Vois-tu, Goulven, qui n’a pas aimé là-bas, sur les berges du Haut-Fleuve, celui-là ne connaît point les délices de l’amour !

Je hochais la tête et, souriant au dedans de moi aux images encore toutes tièdes de mes nuits à terre, je lui demandais, les yeux perdus :

— En es-tu bien sûr, Hervé Louarn ?

Comme par une pente fatale, nous en venions à parler d’Adèle. Je m’ouvrais à mon compagnon de mille choses intimes, enfouies au plus profond de mon être et qu’il ne me semblait pas que j’eusse jamais osé révéler. Il ne s’écoulait guère de soir que je ne lui montrasse à nu quelque pan de mon âme, brûlé, calciné par l’unique passion qui l’embrasait