Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit, son « Expérience » [1], qui se fait l’annonciateur de sa propre mort. Il revêt, en ce cas, les formes et les déguisements les plus bizarres, se présente, par exemple, sous l’aspect d’un animal blanc ou noir, selon qu’il doit être sauvé ou perdu dans l’autre monde.

Une femme sur le point de trépasser fut vue en chemise sur la branche d’un pommier, à quelque distance de la maison, au moment précis où elle entrait en agonie[2].

Quand on est pris, sans cause apparente, d’un frisson subit[3], on dit généralement que « c’est l’Ankou (la Mort) qui vient de passer ».

  1. Experians. C’est le terme consacré, en Bretagne ; il équivaut à ce que l’on appelle le « double ».
  2. Cf. A. Le Braz, Pâques d’Islande, p. 55-56. L’intersigne du « double » a été relevé aussi en Irlande.
        Deux jeunes gens, qui étaient partis en barque, apparaissent jouant dans un champ loin du rivage à un homme du voisinage. Le lendemain, on les trouve noyés (Deeney, Peasant lore from Gaelic Ireland, p. 43). Un homme que des amis aperçoivent sur la route un jour où il n’était pas sorti de chez lui, meurt bientôt après (Deeney, ibid., p. 50-53). Un médecin endormi dans son lit s’aperçoit lui-même et apparaît à sa femme debout auprès de la table. Il meurt la nuit suivante (Kennedy, Legendary fictions, p. 169-170). Un daim que l’on aperçoit au loin, mais qui devient invisible si l’on en approche est, dans l’île Lewis, un signe de mort (M. MacPhail, Folklore from the Hebrides ; Folklore, t. VIII, p. 383).
  3. En Écosse, un bourdonnement d’oreilles est l’intersigne de