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longtemps sans recouvrer l'usage de la parole, tant sa terreur avait été grande1. Quant à ce qu'il avait vu dans son voyage, il ne s'en ouvrit jamais à personne, pas même à sa femme.

(Conté par René Alain. — Quimper.)

L'Of ern drantel

(la Messe De Trentaine)

Autrefois, c'était l'habitude de faire célébrer pour chaque défunt une trentaine, c'est-à-dire une série de trente services. Les prêtres disaient les vingt-neuf premières messes à leur église de paroisse. Mais la trentième, il était d'usage de l'aller dire à la chapelle de saint Hervé, sur le sommet du Ménez-Bré \ C'est

1. Des histoires semblables se racontent un peu partout dans la Basse-Bretagne. J'en ai recueilli plus de vingt variantes, et dans les endroits les plus divers. La légende est la même : le lieu de la scène change seul, ainsi que les noms des personnages en cause. Cf. aussi Le Carguet, Superstitions et légendes du Cap Sizun (Revue des traditions populaires, t. IX, p. 61-62).

2. Le Ménez-Bré (la montagne élevée) est un monticule isolé qui se dresse en avant de la chaîne principale de l'Arez, moitié dans la commune de Pédernek, moitié dans celle de Louargut. Il est pour le pays trégorrois ce que sont le Ménez-Mikel pour la HauteCornouaille et le Ménez-Hom pour la côte ouest du Finistère, une sorte de montagne sainte ; on ne saurait voyager dans les arrondissements de Lannion ou de Guingamp, sans voir au loin sa grande croupe bleue, et la petite chapelle qui la surmonte. Cette chapelle est placée sous l'invocation de saint Hervé, patron des