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En Tréguier, il s'appelle VAgrippa1 ; dans la région de Châteaulin, YEgremont, dont il y a une variante Egromus* ; aux alentours de Quimper, Ar Vif ; dans les parages du Haut-Léon, An Negromans  ; à Plouescat, le livre de Yigromanceric3.

Ce livre est vivant*. Il répugne à se laisser consulter. Il faut être plus fort que lui pour lui arracher ses secrets.

Tant qu'on ne l'a pas dompté, on n'y voit que du rouge. Les caractères noirs ne se montrent que lorsqu'on les y a contraints, en rossant le livre, comme un cheval rétif. On est obligé de se battre avec lui, et la lutte dure parfois des heures entières. On en sort baigné de sueur.

1. Ainsi nommé du philosophe Cornelius Agrippa (1486-1534) auteur du De occulta philosophia, où il démontre que la magie est une science véritable, le but et le couronnement de toutes les autres.

2. Dans le mystère breton des Quatre fils Aymon, Mogis, qui passait pour avoir été à l'école en enfer, fait, une fois converti, ce serment :

Je porterai désormais, au lieu de l'Egromus,

Le livre inimitable de la Passion de Jésus,

Et, au lieu de l'Albert, la Couronne de la Vierge,

Je mettrai en pièces sous mes pieds mes livres de sorcellerie.

3. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. IV, p. 64.

4. De là peut-être ce nom bizarre de « Ar Vif » (le vif) qu'on lui donne en Basse-Cornouaille.