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que Katic vit venir un cadavre à demi pourri. Elle le vit se hisser jusqu'à la plaie-forme du catafalque et se coucher dans le linceul.

Katic, de relever les coins de la toile, et de coudre, de coudre.

Le recteur était là, enfermé dans son confessionnal, qui attendait. Il demandait de temps en temps :

— Approchez-vous de la fin, Katic?

— Pas encore, répondait-elle.

Tout à coup elle s'écria : •

— J'ai fini!

— Dieu vous fasse paix ! prononça le prêtre. Et il s'esquiva de l'église.

Sur le seuil, il se retourna et dit :

— Maintenant c'est à vous et au mort de vous expliquer seule à seul.

Il est dans l'ordre que le jour se lève, même sur les pires choses. Lorsque, le lendemain malin, le bedeau vint sonner l'Angélus, il trouva le catafalque au milieu de la nef, quoiqu'il fût certain de l'avoir rangé la veille, dans un des bas-côtés. A l'entour, gisaient épars les membres en lambeaux d'un pauvre jeune corps1. Les dalles étaient maculées de sang. Il en avait

1. Les revenants sanguinaires sont rares en Bretagne. On les trouve au contraire fréquemment dans les légendes irlandaises. Une femme tue son mari et essaie de tuer son fils (Contes irlandais, p. 8-10) ; une autre revient dévorer son mari (Curtin, p. H4). La nuit, les revenants rôdent autour des maisons ; une personne qui avait entrebâillé sa porte pour regarder dehors a la main saijailli