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sont généralement deux « gardiens de la mort », un homme pour les hommes, une femme pour les femmes. Et ils se tiennent la nuit, l'un en face de l'autre, chacun d'un côté de l'entrée du cimetière.

Môn Ollivier, de Camlez, revenant assez tard dans la nuit, de la moisson à Kerham, vit, en passant devant le cimetière, un homme et une femme adossés chacun à un des piliers de l'entrée, et qui semblaient se cacher d'elle.

Elle crut que c'étaient des amoureux qui s'étaient donné rendez-vous là, pour causer sans être vus. Et elle leur dit, histoire de les plaisanter :

— Vous avez tout de même choisi un drôle d'endroit, jeunes gens !

du prochain convoi (Kennedy, Legendary fictions, p. 166-167). L'idée que les morts ont soif est très répandue dans les pays celtiques. Dans les Hébrides, on met quelquefois un bol d'eau dans le lit d'où l'on a enlevé un cadavre, pour le cas où le mort aurait soif (Goodrich-Freer, More folklore from the Hebrides, Folklore, t. XIII, p. 66). Voir aussi ci-dessus, ch. vu.

D'après lady Wilde (Ancient legends oflreland, p. 82-83, 213), le dernier mort enterré a soit à garder les autres, soit à porter du bois et de l'eau dans l'autre monde, soit à revenir sur terre annoncer à quelqu'un de sa parenté la prochaine venue de la mort.

En Bretagne, les tombes du cimetière de Collorec sont munies chacune d'une écuelle servant de bénitier  ; celle-là même, dit-on, où le mort avait coutume de manger sa soupe quand il était de ce monde (A. Le Braz, Les saints bretons d'après la tradition populaire, Annales de Bretagne, t. IX, p. 40).