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et atout, damné sois-je ! Pique et atout ! Pique et atout '!

Nos quatre lurons, d'abord pétrifiés par l'épouvante, eurent vite fait de trouver la porte. Et ce ne fut pas Fanch Vraz, malgré toute sa forfanterie, qui demeura le dernier. Ils se précipitèrent devant eux, dans la nuit, sans se demander quelle route ils faisaient. Jusqu'à l'aube, ils vaguèrent ainsi, par les champs, semblables à des taureaux affolés. Lorsqu'avec le jour, ils regagnèrent enfin chacun leur maison, ils avaient tous au cou la couleur de la mort. Fanch Vraz expira dans la semaine. Les autres eu réchappèrent, mais après avoir tremblé pendant près d'une année une fièvre mystérieuse dont ils ne purent guérir qu'à force d'absorber de l'eau de la fontaine de Saint-Gonéry!.

(Conté par Jeanne-Marie Corre. — Penvénan, 1886.)

1. Dans une légende rapportée par Curtin (Taies of the fairies, p. 149-150), un mort étendu sur la table pour la veillée reprend vie pour déclarer qu'il est innocent d'un incendie dont on l'a accusé  ; il retombe mort, au moment où il allait donner des renseignements sur l'au-delà, parce qu'une personne présente l'a interrompu.

2. La fontaine de Saint-Gonéry, en Plougrescant, attire nombre de malades. Le sentier qui y mène est tellement fréquenté que le propriétaire du pré où elle se trouve l'a fait paver. La vieille complainte du saint recommande surtout son eau pour la guérison des « maux de tête ». Mais elle est aussi très efQcace pour la fièvre, moins cependant que les pincées de terre prises au tombeau du pieux thaumaturge et qu'on se suspend au cou, dans un petit sachet de toile.

XL VII