Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eu leur doctrine propre, peu différente ou, si l’on veut et comme quelques auteurs l’avancent, directement inspirée de la conception pythagoricienne, il n’est pas impossible. Pomponius Mela nous donne à entendre[1] qu’ils ne livraient point au vulgaire toute leur science, qu’ils la gardaient au contraire presque exclusivement pour eux et pour leurs adeptes. Dans la question qui nous occupe, rien n’empêche de supposer que, tout en ayant leur théorie particulière et secrète sur les futures destinées de l’âme, ils se bornaient, pour la masse, à prêcher que l’être survit à la mort.

C’était, en tout cas, le seul point que les Gaulois eussent retenu de leur enseignement en cette matière, si nous en jugeons par les vers de la Pharsale où Lucain, s’adressant aux druides, s’exprime ainsi : « D’après vos leçons, les ombres ne vont pas aux silencieuses demeures de l’Erèbe ni dans les pâles royaumes souterrains de Pluton ; le même esprit anime les membres dans un autre monde ; si votre science n’est pas du charlatanisme, la mort est le milieu d’une longue vie[2]. » Reste à déterminer quel était pour les Celtes cet autre monde, cet orbis alius, où la vie était censée


1. « Unum ex eis quae praecipiunt in vulgus effluxisse videlicet, ut forent ad bella meliores aeternas esse animas vitamque alteram ad manes. » De situ orbis, III, 2.

2. Pharsale, I, 449-453.

  1. « Unum ex eis quae praecipiunt in vulgus effluxisse videlicet, ut forent ad bella meliores aeternas esse animas vitamque alteram ad manes. » De situ orbis, III, 2.
  2. Pharsale, I, 449-453.